Au sujet de la publication de l’étude récente intitulée :

« Assessing the magnitude of reporting bias in trials of homeopathy: a cross sectional study and meta-analysis. »

Une toute nouvelle étude (1), publiée dans le BMJ Evidence-Based Medicine, s’est penchée sur un problème courant dans tout type de recherche scientifique et médicale : celui des biais. Ceux-ci peuvent venir fausser les résultats obtenus par la recherche.

Dans cette étude, deux types de biais ont été cherchés parmi un ensemble de recherches en homéopathie (2002 à 2021) : celui du « biais de publication » et celui du changement du « critère de jugement principal ». Ce sont, tous deux, ce qu’on appelle des biais de notification.

Expliquons brièvement.

Un biais de publication advient lorsqu’une recherche n’est finalement pas publiée. On l’aura compris, cette pratique peut servir à augmenter le nombre de recherches avec des résultats positifs en se gardant de publier les autres.

Le « critère de jugement principal », c’est ce qu’une étude tente de mesurer. Par exemple, le critère de jugement principal pour un nouveau médicament contre le cholestérol pourrait être la mesure de la baisse du mauvais cholestérol. Si ce critère est modifié en cours de route, il y a un biais. C’est une mauvaise pratique.

D’entrée de jeu, il faut souligner que cette étude de Gartlehner et al, s’est penchée uniquement sur les biais rencontrés dans la recherche en homéopathie, sans comparer avec les autres types de recherche. Pourtant, les auteurs admettent eux mêmes que cette problématique est présente partout.

En quelques lignes, ce qu’on découvre

53% des études en homéopathie ne sont pas enregistrées. Nous n’avons pas de point de comparaison, cependant, avec les autres types de recherches. 38% des recherches en homéopathie ne sont pas publiées alors que c’est 50% en médecine conventionnelle. (2)

Des modifications dans le critère de jugement principal sont observées
➢ dans seulement 25% des études en homéopathie
➢ dans 43% des études en médecine conventionnelle3

Bref, l’homéopathie semble bien meilleure élève quand on fait l’exercice de comparaison.

Ce que l’étude n’a pas fait…

Le Dr Alexandre Tournier, directeur général du Homeopathy Research Institute, résume bien ce qui est donc principalement à dégager de cette publication :

« Le biais de notification est un problème bien connu dans tous les domaines de la recherche médicale; il n’est donc pas surprenant qu’il se produise dans la recherche en homéopathie. La conclusion la plus intéressante de cette nouvelle étude, publiée dans ‘BMJ Evidence Based Medicine’, est que nous savons maintenant que l’homéopathie est plus performante que la médecine conventionnelle à cet égard, avec des niveaux plus faibles de biais de notification. » (4)

Des biais dans cette étude ?

De toute évidence, lorsqu’on se donne la peine de faire les comparaisons, cette conclusion de Gartlehner et al. n’a de valeur que celle d’une opinion mal fondée :

« L’enregistrement des essais publiés était peu fréquent, de nombreux essais enregistrés n’ont pas été publiés et les critères de jugement principal ont souvent été modifiés ou changés. Cela affecte probablement la validité du corpus de preuves de la littérature homéopathique et peut surestimer le véritable effet thérapeutique des remèdes homéopathiques. » (5)

L’étude de Gartlehner, comme maintes fois observée quand il s’agit d’homéopathie, vient reconfirmer ce que Timothy Caulfield concluait déjà en 2005, à savoir « qu’un biais de publication contre l’homéopathie (donc un biais négatif) existe dans les revues conventionnelles. » (6)

Le point de vue des médias d’ici et d’ailleurs

Au Québec, Olivier Bernard, pharmacien, en a fait l’analyse suivante, en entrevue au 98,5, le 17 mars 2022 :

« Les compagnies d’homéopathie procèdent de manière qui n’est pas rigoureuse, pas honnête, pas transparente et que donc, elles ne vont pas publier les résultats  quand ils sont négatifs par exemple ou encore elles ne vont finalement pas enregistrer leurs études, modifier le protocole en cours de route ; donc elles font toutes sortes de petites passes-passes pour donner l’impression que ça marche alors que ça ne marche pas. »

En Europe, plusieurs grands titres ont mis de l’avant la conclusion suivante : les résultats obtenus en homéopathie seraient probablement largement surestimés à cause de mauvaises pratiques en matière de recherche.

Et pourtant…

Référence principale et pour plus de détails sur cette étude : Homeopathy Research Institute

(1) Gartlehner G et al. Assessing the magnitude of reporting bias in trials of homeopathy: a cross-sectional study and meta-analysis. BMJ Evidence-Based Medicine, 2022; eFirst

(2) Goldacre B et al. Compliance with requirement to report results on the EU Clinical Trials Register: cohort study
and web resource. BMJ, 2018;362:k3218

(3) Shah K et al. Outcome reporting bias in Cochrane systematic reviews: a cross-sectional analysis. BMJ Open,
2020;16;10:e032497.

(4) https://www.hri-research.org/fr/2022/03/commentaire-du-hri-sur-larticle-du-bmj-evaluant-le-biais-de-notificationdans-les-essais-cliniques-de-lhomeopathie/

(5) op.cit.

(6) BMC Complementary and Alternative Medicine 2005, 5:12 doi:10.1186/14726882-5-12